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Brève

L’eau, une ressource à économiser en Europe ?

Eau

Temps de lecture : 5 minutes

Principaux résultats : En moyenne, un européen consomme 363 mètres cubes (m3) d’eau par an. Celle-ci varie de 75 m3 au Luxembourg à 995 en Estonie. En moyenne, la consommation d’eau a baissé de 87 mètres cubes d’eau entre 2007-2009 et 2017-2019. Près de deux tiers du volume consommé provient de source en surface. Au regard du renouvellement de l’eau, Malte et Chypre ont une consommation d’eau jugée non soutenable dans le temps.

 

L’été 2022 restera marqué par ses conditions climatiques extrêmes, engendrant fortes chaleurs, feux violents, et intenses sécheresses. Tous les États membres de l’Union européenne (UE) sont confrontés à ces manifestations climatiques et les conséquences qu’elles produisent.[1] Parmi ces dernières, on peut dénombrer les pénuries d’eau qui touchent plusieurs pays à l’instar de la France, l’Allemagne ou les Pays-Bas.[2] Ces pénuries d’eau devraient s’accentuer à l’avenir avec le réchauffement climatique.[3] D’ailleurs, la Commission européenne a récemment publié des lignes directrices sur la manière d’économiser l’eau dans l’agriculture.[4]

Ces pénuries posent la question de la gestion durable de l’eau, dont il existe des signes montrant des lacunes dans ce domaine partout dans le monde.[5] A contrario des terres, la disponibilité en eau est une ressource fluctuante qui dépend de son renouvellement et de sa consommation. Or, la consommation en eau a eu tendance à augmenter sous l’accroissement démographique et économique.[6] L’augmentation de la population s’est accompagnée d’un niveau de production plus important et d’un besoin accru de nourriture, tous deux consommateurs d’eau.

En moyenne, un habitant de l’Union européenne consommait 363 mètres cubes d’eau par an sur la période 2017-2019 (Graphique 1). Cependant, ce chiffre cache de fortes disparités entre les pays de l’UE. Ainsi, la consommation d’eau par habitant est la plus élevée en Estonie, en Bulgarie, et dans une grande partie des pays du Sud (Grèce, Espagne, et Italie). Au contraire, elle est la plus faible au Luxembourg (75 mètres cubes d’eau), Malte (84), et en Lettonie (91).

Entre les périodes 2007-2009 et 2017-2019, la consommation d’eau par habitant a eu tendance à baisser. Cette tendance se retrouve principalement en Lituanie, Belgique, Pays-Bas, et l’Estonie. L’Italie fait figure d’exception, car la consommation d’eau a augmenté en dix ans.

Différents facteurs peuvent expliquer les différences de consommation d’eau entre pays. Le premier groupe de déterminants a trait à la consommation des ménages. Il a été montré que la consommation d’eau augmente avec la taille du ménage, le niveau de revenu et l’âge, alors qu’elle diminue avec l’utilisation de sanitaire moins consommateur en eau.[7] Une augmentation du prix de l’eau diminue également sa consommation.[8] L’autre groupe de déterminants concerne la spécialisation sectorielle des pays. En effet, certains secteurs économiques sont plus consommateurs en eau tels que l’agriculture et la production d’énergie.[9] Par ailleurs, les industries apparaissent également sensibles au niveau des prix de l’eau.[10]

Graphique 1 : En moyenne, un habitant de l’UE consomme 363 mètres cubes d’eau par an

Extraction d’eau en mètre cube d’eau par habitant, 2007-2009 et 2017-2019

Note : 2007-2009 et 2017-2019 représentent les moyennes respectives pour les deux périodes. UE-27 représente la moyenne des pays de l’Union européenne

Lecture : En France en 2019, l’extraction d’eau s’élevait à 400 mètres cube par habitant.

Source : European DataLab, d’après la Waterbase de l’Agence européenne de l’environnement et Eurostat [DEMO_PJAN], consulté le 10/08/2022.

 

L’eau prélevée peut provenir de deux sources, à savoir les eaux souterraines et les eaux en surface.

En 2019, environ un tiers des prélèvements d’eau vient de sources souterraines et deux tiers de sources en surface (Graphique 2). Pourtant, il n’existe pas de schéma type au sein de l’Union européenne. Si 7 pays prélèvent plus de la moitié de leur eau à partir de sources souterraines (Slovaquie, Lituanie, Grèce, Croatie, Chypre, Danemark, et Malte), le reste s’approvisionne principalement à partir d’eau de surface.

Graphique 2 : Deux tiers de l’eau sont prélevés à partir de sources en surface

Répartition des sources de prélèvement d’eau, 2019

Note : UE-27 représente la moyenne des pays de l’Union européenne.

Lecture : En France, en 2019, 15,5% des eaux extraites venaient de source souterraine.

Source : European DataLab, d’après la Waterbase de l’Agence européenne, consulté le 10/08/2022.

 

Afin d’évaluer et de suivre la consommation durable d’eau, un indice d’exploitation de l’eau a été développé à l’échelle de l’Union européenne. Cet indice indique la quantité d’eau prélevée chaque année en proportion des ressources totales en eau douce à long terme. C’est un indicateur de la pression ou du stress sur les ressources en eau douce. Un indice supérieur à 20 % implique qu’un pays est en situation de stress hydrique, et des valeurs supérieures à 40 % indiquent un stress hydrique sévère et une utilisation non soutenable de la ressource en eau.

Le graphique 3 présente l’indice d’exploitation de l’eau pour la période 2019, et montre que l’exploitation de l’eau au sein de l’UE s’élève à 13.5 % en moyenne. Deux pays dépassent le seuil de 40 % indiquant un stress hydrique sévère et une utilisation non soutenable de l’eau (Chypre et Malte). Avec un indicateur s’élevant à 27,9 %, l’Espagne est l’unique pays de l’UE étant en situation de stress hydrique. Pour les autres pays ayant des données disponibles, la consommation en eau apparaît comme durable, puisque l’indicateur est inférieur à 20 %. Toutefois, cela risque de fortement évoluer à l’avenir avec l’accentuation des conditions climatiques extrêmes.

Graphique 3 : En moyenne, l’indice d’exploitation de l’eau s’élève à 13,5% au sein de l’UE

Indice d’exploitation de l’eau, 2017-2019

Note : Il s’agit de la moyenne pour les année 2017 à 2019. UE-21 représente la moyenne des pays de l’Union européenne pour lesquels il existe des données.

Lecture : En France, en 2019, l’indice d’exploitation de l’eau s’élevait à 13,1%.

Source : European DataLab, d’après Eurostat [T2020_RD220], consulté le 10/08/2022.

 
Pour aller plus loin
●        EurEau (2021), Europe’s Water in Figures: An overview of the european drinking water and waste water sectors

[1] Voir par exemple : https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/07/24/le-dereglement-climatique-augmente-le-risque-de-megafeux_6135913_3244.html

[2] https://information.tv5monde.com/info/l-europe-en-quete-de-solutions-aux-conflits-sur-les-ressources-en-eau-467526

[3] Seckler, D., Barker, R., & Amarasinghe, R. (1999). Water Scarcity in the Twenty-first Century, International Journal of Water Resources Development, 15: 1-2, 29-42, DOI: 10.1080/07900629948916

[4] https://environment.ec.europa.eu/news/water-scarcity-commission-advises-safe-water-reuse-agriculture-2022-08-03_en

[5] Postel, S. L. (2000). Entering and era of water scarcity : the challenge ahead. Ecological Applications, 10(4), 941–948.

[6] Rijsberman, R. (2006). Water scarcity: Fact or fiction? Agricultural Water Management, 80: 1-3, 5-22, https://doi.org/10.1016/j.agwat.2005.07.001.

[7] Grafton, R., Ward, M., To, H. & Kompas, T. (2011). Determinants of Residential Water Consumption: Evidence and Analysis from a Ten-country Household Survey. Water Resources Research, 47(8), https://doi.org/10.1029/2010WR009685

[8] Grafton, R., Ward, M., To, H. & Kompas, T. (2011). Determinants of Residential Water Consumption: Evidence and Analysis from a Ten-country Household Survey. Water Resources Research, 47(8), https://doi.org/10.1029/2010WR009685

[9] https://www.eea.europa.eu/data-and-maps/indicators/use-of-freshwater-resources-3/assessment-4

[10] Gracia-de-Rentería, P. & Barberán, R. (2021). Economic Determinants of Industrial Water Demand: A Review of the Applied Research Literature. Water, 13(12). https://doi.org/10.3390/w13121684


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