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La consommation de viande en baisse en Europe de l’Ouest

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Temps de lecture : 6 minutes

Principaux résultats : en 2018, la consommation de viande par habitant de l’Union européenne (UE) s’élève à 77 kg par an, soit autant qu’en 2000. Pour autant, les pays ont suivi différentes trajectoires de consommation entre ces deux années : des baisses plus ou moins marquées dans la plupart des pays d’Europe de l’Ouest et des augmentations de consommation dans les pays d’Europe de l’Est.

 

L’agriculture représente environ 10% des émissions totales de gaz à effet de serre dans l’Union européenne (voir : Un Européen émet 9,4 tonnes de gaz à effet de serre par an). Plus de 80% de ces émissions sont liées au secteur de l’élevage.[1] Parmi les filières de production concernées, les bovins sont les plus grands émetteurs, suivis des porcs et de la volaille. Ainsi nos pratiques alimentaires et en particulier notre consommation de certaines viandes constituent une source importante d’émissions de gaz à effet de serre au niveau individuel. S’ajoutent à ces impacts environnementaux, des impacts éthiques en termes de bien-être animal lié à l’agriculture intensive. Il est donc intéressant de se pencher sur les habitudes de consommation de viande dans les pays européens.

En moyenne dans les pays européens en 2018, la consommation de viande s’établit autour de 77 kilogrammes (kg) par habitant (Graphique 1), ce qui correspond à environ 211 grammes par jour. Il existe de fortes variations entre pays : le plus gros consommateur de viande est l’Espagne (99 kg par habitant) et le plus petit est la Belgique (55 kg par habitant), consommant presque deux fois moins de viande (par habitant) que le premier. La France est autour de la moyenne avec 79 kg de viande consommée par habitant. À titre de comparaison, les États-Unis sont à 123 kg par habitant.

Les facteurs explicatifs de la consommation de viande sont complexes et dépendent nécessairement du pays d’analyse. Néanmoins, il apparaît qu’en moyenne, dans les pays développés, les hommes et les personnes de statut socio-économique moins favorisé consomment plus de viande que les femmes et les personnes plus favorisées respectivement.[2] Concernant l’âge, les études ne sont pas consensuelles et les résultats varient en fonction des données employées. Toutefois, dans de nombreux pays, l’adoption d’un régime non-carné (végétarien ou végan) est plus forte chez les 18-54 ans que chez les plus de 55 ans.[3]   De manière plus générale, dans les pays développés, les prix et le revenu jouent un rôle de moins en moins important tandis que les normes sociales et préoccupations environnementales, éthiques et sanitaires jouent un rôle croissant.[4]

Graphique 1 : L’UE consomme 77 kg de viande par habitant annuellement

Quantité de viande consommée par habitant en 2018

Note : La droite noire représente la moyenne pour l’Union européenne.

Lecture : En France en 2018, la consommation de viande s’élevait à 79 kg par habitant.

Source : European DataLab d’après FAO Food Balances (2021), consulté le 27.8.2021

 

Le type de viande consommé est un facteur important de l’impact environnemental de la consommation de viande. En effet, la production de 100 g de protéines provenant du bœuf émet (en médiane) 25 kg d’équivalent-CO2, tandis que ce chiffre est seulement de 6.5 kg pour le porc et 4.3 pour le poulet.[5]  Ainsi les pays consommant actuellement plus de bœuf ont une marge de manœuvre plus importante pour réduire leurs émissions en substituant la consommation de cette viande en faveur d’une viande moins émettrice (porc ou poulet) ou d’un régime non-carné/végétal.

Dans la grande majorité des pays européens, la viande la plus consommée est le porc, généralement suivi par la volaille et enfin la viande bovine (Graphique 2). De fortes disparités de répartition existent entre pays, qui peuvent s’expliquer par divers facteurs tels que le coût, la religion, la production locale, le niveau de richesse ainsi que les préoccupations environnementales, éthiques et sanitaires mentionnés précédemment. La consommation de porc représente environ 65% de la consommation de viande en Croatie, en Pologne et en Hongrie, mais ne représente que 33% à Malte et au Danemark. Les différences sont encore plus marquées pour la viande bovine : aux alentours de 30% de la consommation totale en Suède, au Luxembourg et au Danemark, 5-6% en Bulgarie et en Hongrie, et moins d’1% en Pologne. La France est 4ème en termes de consommation de viande bovine avec 26% de sa consommation de viande. En moyenne au niveau européen la consommation de porc représente 51% de la consommation de viande, la volaille 28%, la viande bovine 17% et les autres viandes environ 4%.

Graphique 2 : L’UE consomme principalement de la viande de porc

Répartition de viande consommée par type de viande en 2018

Lecture : En France en 2018, la consommation de porc représentait 40% de la consommation de viande.

Source : European DataLab d’après FAO Food Balances (2021), consulté le 27.8.2021

 

Qu’en est-il de l’évolution dans le temps de notre consommation de viande ? Afin d’y voir plus clair, nous distinguons quatre catégories de pays quant à leur évolution de consommation de viande entre 2000 et 2018 :

  1. Baisse importante : pays dont la consommation par habitant a baissé de plus 15% ;
  2. Baisse faible : pays dont la consommation par habitant a baissé de moins de 15% ;
  3. Augmentation importante : pays dont la consommation par habitant a augmenté de plus 15%
  4. Augmentation faible : pays dont la consommation par habitant a augmenté de moins de 15%.

Cette classification permet de répartir les pays entre groupes de taille relativement équitable. Nous avons choisi 2000 comme année de référence pour donner une indication de l’évolution au cours de ces 2 dernières décennies.

Parmi les pays ayant le plus réduit leur consommation depuis 2000 on trouve la Belgique (-33%), la Slovénie (-25%), la Grèce (-25%), les Pays-Bas (-23%) et la France (-21%). Figurent parmi les pays ayant le plus augmenté leur consommation principalement des pays d’Europe de l’Est tels que la Croatie (+124%), la Lettonie (+90%), la Lituanie (+70%), la Roumanie (+37%) et la Pologne (+25%). L’évolution dans ces derniers pays s’explique probablement par l’enrichissement de leur population au cours de cette période et l’ouverture du marché unique, et donc des possibilités de consommation de viande élargies.

Graphique 2 : Des baisses importantes de consommation de viande dans certains pays d’Europe de l’Ouest

Évolution de la quantité de viande consommée par habitant entre 1961-2018

Baisse important

Baisse faible

Augmentation importante

Augmentation faible

Lecture : En France, la consommation de viande par habitant a diminué de 21% entre 2000 et 2018.

Source : European DataLab d’après FAO Food Balances (2021), consulté le 27.8.2021

 
Focus données :
Les données utilisées dans cet article proviennent de la FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. En particulier, nous employons la variable “Disponibilité alimentaire en quantité (kg/personne/an)” issue des données des Bilans Alimentaires. Elle correspond au montant total du produit disponible pour la consommation humaine une fois déduite toutes les utilisations non-alimentaires. Cependant, ce montant ne corrige pas pour d’éventuels gaspillages lors de la consommation (i.e. gaspillage au niveau de la distribution, des restaurants, et des ménages) et ainsi surestime la quantité moyenne de produit réellement consommé. Il y a une rupture de séries dans les données à partir de 2014, ainsi les données de 2014-2018 sont calculées en utilisant une nouvelle méthodologie par rapport aux données plus anciennes.
 
Pour aller plus loin :
·         https://ourworldindata.org/meat-production
·         https://ourworldindata.org/less-meat-or-sustainable-meat

[1] European Commission. (2020). Future of EU livestock: How to contribute to a sustainable agricultural sector ?, Luxembourg: Publications Office of the European Union

[2] Clonan A. , Roberts K. E. & Holdsworth M. (2016). “Socioeconomic and demographic drivers of red and processed meat consumption: implications for health and environmental sustainability”, Proceedings of the Nutrition Society, 75, 367–373.

[3] Données américaines : https://news.gallup.com/poll/267074/percentage-americans-vegetarian.aspx

[4] OCDE/FAO (2020), OECD-FAO Agricultural Outlook 2020-2029, Éditions OCDE, Paris/FAO, Rome, https://doi.org/10.1787/1112c23b-en.

[5] https://ourworldindata.org/less-meat-or-sustainable-meat

 
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