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Brève

L’Union européenne accueille un réfugié sur dix

réfugiés

Temps de lecture : 6 minutes

Principaux résultats : En 2020, les réfugiés se trouvaient principalement en Afrique subsaharienne (22,0%) et en Amérique latine et Caraïbes (18,8%). L’Union européenne accueillait 12,3% des réfugiés. Au sein de l’Union européenne, l’Allemagne accueillait le plus grand nombre de réfugiés. Cependant, c’est à Chypre que l’écart était le plus important entre le poids relatif des réfugiés accueillis et la taille de la population. Enfin, les réfugiés accueillis au sein de l’Union européenne étaient principalement Syriens, Afghans et Irakiens.

 

Le 24 février 2022, le président russe, Vladimir Poutine, déclencha sa campagne militaire contre l’Ukraine. Au-delà des pertes humaines qu’engendre une guerre, ce type de conflit entraîne d’importants exodes de population. L’Agence pour les Réfugiés des Nations Unies estime que 6,7 millions d’Ukrainiens ont quitté leur pays depuis le déclenchement des hostilités russes.[1]

La guerre en Ukraine n’est pas la seule situation qui entraîne des mouvements de population[2] à travers le globe.[3] En effet, l’Agence pour les Réfugiés des Nations Unies dénombre un total de 34,4 millions de réfugiés[4] et pas moins de 29 situations actives à travers le monde engendrant des déplacements de population[5].

La répartition des réfugiés est inégale et ne suit pas la distribution de la population dans les grandes régions du monde (Graphique 1). Près d’un réfugié sur cinq se situe en Afrique subsaharienne ou en Amérique latine et Caraïbes, alors que ces régions représentent respectivement 14,2% et 8,5% de la population mondiale. Cependant, c’est dans la région comprenant Europe (hors UE) et Asie Centrale que la différence entre la distribution des réfugiés et la population est la plus importante (respectivement, 16,4% et 6,2%). En ce qui concerne l’Union européenne, elle accueille 12,3% des réfugiés alors que sa population représente 5,8% de la population mondiale. En Asie du Sud et en Asie de l’Est et Pacifique, la situation est inversée puisque la part des réfugiés est moins importante par rapport à la taille de leur population.

Cette inégale répartition des réfugiés peut s’expliquer par le fait que certaines régions connaissent plus de conflits que d’autres. Cela trouve son explication dans le fait qu’ un pays frontalier à une zone de conflit a plus de risque d’entrer en conflit.[6] Par ailleurs, les réfugiés ont tendance à fuir dans des pays voisins avec des populations ethniques proches et une un passé d’accueil d’autres réfugiés du même groupe ethnique.[7] La combinaison de ces deux phénomènes fait augmenter le nombre de réfugiés dans une région donnée.

Graphique 1 : Les réfugiés se situent principalement en Afrique subsaharienne et en Amérique latine et Caraïbes

Distribution des réfugiés et de la population mondiale, par grande région, 2020

Note : Les grandes régions correspondent aux zones géographiques définies par la Banque Mondiale.

Lecture : En 2020, l’Union européenne accueillait 12,3% des réfugiés et sa population représentait 5,8% de la population mondiale.

Source : European DataLab, d’après UNHCR Data, consulté le 28/05/2022.

 

Au sein de l’Union européenne, tous les États membres n’accueillent pas le même nombre de réfugiés (Graphique 2). L’Allemagne est le premier pays européen d’accueil (40 %), suivi par la France (16,4 %). Ces deux États appartiennent également au groupe de pays dont la part des réfugiés reçue est supérieure au poids relatif de leurs populations ; les autres pays du groupe sont : le Luxembourg, Malte, Chypre, la Belgique, la Grèce, et l’Autriche. Notons que c’est à Chypre que l’écart est le plus important, ses habitants représentant 0,2 % de la population européenne et les réfugiés 1,0 %. Au contraire, c’est en Pologne que la part des réfugiés accueillie est la plus faible comparée à la taille de la population.

Graphique 2 : L’Allemagne, premiers pays d’accueil des réfugiés

Distribution des réfugiés et de la population, 2020

Note : UE-27 représente la médiane pour les pays européens.

Lecture : En 2020, les réfugiés accueillis par la France représentaient 16,4% des réfugiés vivant au sein de l’Union européenne, et sa population pesait pour 15,0%.

Source : European DataLab, d’après UNHCR Data et Eurostat [demo_pjan], consulté le 28/05/2022.

 

Les réfugiés accueillis au sein de l’Union européenne proviennent essentiellement de pays qui se situent en Afrique du Nord et Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud (Graphique 3). Une majorité de ces pays a connu des conflits sévères au cours des dernières années, comme c’est le cas pour la Syrie, l’Irak ou l’Afghanistan.

Les destinations choisies par ces populations en exils varient en fonction de leur origine géographique. Les réfugiés érythréens, turcs, afghans, irakiens et syriens sont principalement allés en Allemagne. Au contraire, ceux de nationalité vénézuélienne sont majoritairement situés en Espagne, alors que les pakistanais ont privilégié l’Italie.

Le lieu de destination des réfugiés dépend d’une multitude de facteurs. Parmi ces facteurs, les politiques d’accueil et d’intégration des Etats semblent jouer un rôle important.[8] Par exemple, les pays favorisant l’intégration des réfugiés attirent davantage de réfugiés.[9]

Les facteurs culturels expliquent aussi le choix du lieu de destination. Les réfugiés ont plus de chance d’aller dans un pays qui partage la même langue ou qui a d’anciens liens coloniaux.[10] Enfin, le choix du pays de destination semble lié à l’existence de réfugiés de la même communauté déjà sur place.[11]

Graphique 3 : Afghan et Syrien, premières nationalités des réfugiés accueillis en UE

Répartition des réfugiés, par nationalités (top 15) et pays de destination, 2020

Lecture : En 2020, il y avait 1 031 236 réfugiés syriens dans l’Union européenne. L’Allemagne accueillait 642 557 réfugiés syriens sur son territoire.

Source : European DataLab, d’après UNHCR Data, consulté le 28/05/2022.

 
Pour aller plus loin :
●      UNHCR (2021), Global report 2020

[1] https://data.unhcr.org/en/situations/ukraine

[2] Selon la convention de Genève de 1951, le statut de réfugié est attribuable à toute personne “craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays”. Par ailleurs, elle établit les normes essentielles minimales pour le traitement des réfugiés (par exemple, garanties contre l’expulsion des réfugiés, délivrance de documents officiels, etc.) et empêche toute forme discrimination par rapport à la race, la religion ou le pays d’origine du requérant. Les réfugiés ne doivent pas être confondus avec les immigrés qui se déplacent pour des motifs qui ne sont pas inclus dans la définition légale de ce qu’est un réfugié.

[3] Cette brève s’intéresse uniquement aux réfugiés internationaux.

[4] https://www.unhcr.org/figures-at-a-glance.html

[5] https://data.unhcr.org/fr/situations

[6] Gleditsch, K. S. (2007). Transnational Dimensions of Civil War. Journal of Peace Research, 44(3), 293–309. http://www.jstor.org/stable/27640512

[7] Rüegger, S., & Bohnet, H. (2018). The Ethnicity of Refugees (ER): A new dataset for understanding flight patterns. Conflict Management and Peace Science, 35(1), 65–88. https://doi.org/10.1177/0738894215611865

[8] McAuliffe, M. and Jayasuriya, D. (2016), Do asylum seekers and refugees choose destination countries? Evidence from large-scale surveys in Australia, Afghanistan, Bangladesh, Pakistan and Sri Lanka. International Migration, 54, 44-59. https://doi.org/10.1111/imig.12240

[9] Tucker, J. (2018). Why here? Factors influencing Palestinian refugees from Syria in choosing Germany or Sweden as asylum destinations. Comparative Migration Studies, 6(29). https://doi.org/10.1186/s40878-018-0094-2

[10] Moore, W. H., & Shellman, S. M. (2007). Whither Will They Go? A Global Study of Refugees’ Destinations, 1965-1995. International Studies Quarterly, 51(4), 811–834.

[11] Moore, W. H., & Shellman, S. M. (2007). Whither Will They Go? A Global Study of Refugees’ Destinations, 1965-1995. International Studies Quarterly, 51(4), 811–834.


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