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Brève

Près d’un européen sur dix dans l’incapacité de chauffer convenablement son logement

Temps de lecture : 5 minutes

La loi du 12 juillet 2010 portant l’engagement national pour l’environnement pose une définition de la précarité énergétique : « est en situation de précarité énergétique une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat ». Quelle est la situation en Europe ?

En moyenne, 9 % des Européens déclaraient être dans l’incapacité de chauffer leur logement convenablement en 2017 (graphique 1). C’est en Bulgarie, Lituanie et Grèce que cette situation est la plus présente où respectivement 36,5 %, 28,9 % et 25,7 % de la population déclarent ne pas pouvoir se chauffer correctement. Au contraire, moins de 2 % de la population est concernée par cette situation au Luxembourg, en Islande, Finlande et Suède, ces trois derniers pays pouvant pourtant connaître des températures très basses.

Les Européens sont de plus en plus en capacité de chauffer convenablement leur logement, bien que cette amélioration des conditions de vie ne soit pas homogène. La Bulgarie a enregistré la plus forte amélioration et a vu la part de ses habitants ayant du mal à garder leur logement correctement chauffé diminuer de moitié en 10 ans (passant de 67,4 % en 2007 à 36,5 % en 2017). Inversement, plus d’un pays sur trois a vu sa situation se dégrader et parfois fortement comme c’est le cas pour la Grèce (13,8 % en 2007 et 25,7% en 2017).  En France, la part des personnes en incapacité de chauffer correctement son logement a progressé de 0,3 point de pourcentage depuis 2007 (4,6 % en 2007, contre 4,9 % en 2017).

Graphique 1 : 10 % des Européens ont du mal à chauffer leurs logements

Part des personnes qui n’arrivent pas à chauffer correctement leur logement, 2007 et 2017

Précarité énergétique 1 | amCharts

Note : Le graphique représente la part des personnes qui ont répondu “oui” à la question suivante : “Dans ce logement, êtes-vous confronté au problème suivant : votre logement est trop difficile ou trop coûteux à bien chauffer ?”. Il s’agit des données de 2016 pour l’Irlande et l’Islande. Europe 27 représente la moyenne arithmétique simple.

Lecture : En 2017, 4,9 % des personnes vivant en France déclaraient vivre dans un logement trop difficile ou trop coûteux à bien chauffer.

Source : European DataLab, Eurostat [ilc_mdes01], consulté le 05/12/2018.

 

La capacité à chauffer correctement son logement est fortement liée à la situation des individus vis-à-vis de la pauvreté monétaire. En moyenne, en 2017, les Européens vivant sous le seuil de pauvreté déclaraient 2,6 fois plus souvent être dans un logement mal chauffé que les personnes au-dessus du seuil de pauvreté (graphique 2). Cette situation apparaît plus fortement en Autriche, Slovaquie et Belgique où il y a respectivement 7,9, 7,2 et 6,7 fois plus de chance pour les personnes se situant sous le seuil de pauvreté d’être en situation de précarité énergétique. L’Allemagne, la France ainsi que l’Espagne se situent également au-dessus de la moyenne européenne avec un risque respectif 4,7, 4,4 et 4 fois plus important pour les personnes en situation de pauvreté monétaire. Les États où la situation économique des individus a le moins d’impact sur les capacités de chauffage sont la Finlande (1,2), la Lituanie (1,3) et la Roumanie (1,9).

À l’échelle de l’Europe, les personnes vivant sous le seuil de pauvreté monétaire ont plus de chance de déclarer être dans un logement mal chauffé que les individus vivant au-dessus du seuil de pauvreté en 2017 qu’en 2007 (respectivement 2,6 et 2,1). Cette augmentation des inégalités se retrouve dans plus de 4 pays européens sur 5. Les États qui ont vu les inégalités augmenter le plus nettement sont la Belgique (+3,8 points entre 2007 et 2017), la Slovaquie (+2,9 points) et l’Autriche (+2,6 points). À l’inverse, cinq pays ont vu les situations d’inégalités vis-à-vis du risque de précarité énergétique se réduire sur la même période : La Finlande (-1,7 point), l’Irlande (-1,1 point), l’Italie (-0,9 point), la Grèce (-0,8 point) et la Lituanie (-0,4 point). Pour ces deux derniers pays, la réduction des inégalités est due à une augmentation de la précarité énergétique chez les personnes vivant au-dessus du seuil de pauvreté et non à une amélioration des conditions de vie des plus modestes.

Graphique 2 : Des inégalités qui augmentent avec le temps

Rapport entre la part des personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté monétaire et qui n’arrivent pas à chauffer correctement leur logement sur celle des personnes vivant au-dessus du seuil de pauvreté, 2007 et 2017

Précarité énergétique 2 | amCharts

Note : Le graphique représente le rapport de cote entre la part des personnes qui ont répondu “oui” à la question suivante : “Dans ce logement, êtes-vous confronté au problème suivant : votre logement est trop difficile ou trop coûteux à bien chauffer ?” et qui vivent sous le seuil de pauvreté monétaire et celle des personnes qui ont aussi répondu “oui”, mais qui vivent au-dessus du seuil de pauvreté. Il s’agit des données de 2016 pour l’Irlande et l’Islande. Europe 26 représente la moyenne arithmétique simple. La ligne noire est fixée à 1, soit la valeur pour laquelle la probabilité de vivre dans un logement trop difficile ou trop coûteux à bien chauffer est identique pour les personnes vivant en dessous ou au-dessus du seuil de pauvreté monétaire.

Lecture : En 2017 en France, les personnes vivant sous le seuil de pauvreté monétaire déclaraient 4,4 fois plus souvent vivre dans un logement trop difficile ou trop coûteux à bien chauffer, contre 3,8 fois en 2007.

Source : European DataLab, Eurostat [ilc_mdes01], consulté le 05/12/2018.

 

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